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Pneu hiver obligatoire Suisse : tout ce qu’il faut savoir pour circuler en sécurité

Pneu hiver obligatoire Suisse : tout ce qu’il faut savoir pour circuler en sécurité

Pneu hiver obligatoire Suisse : tout ce qu’il faut savoir pour circuler en sécurité

Un cadre légal sans obligation, mais une responsabilité bien réelle

À la différence de certains pays européens comme l’Autriche ou l’Allemagne, la Suisse ne rend pas l’utilisation des pneus hiver officiellement obligatoire par la loi. Toutefois, cela ne signifie pas que vous pouvez circuler avec des pneus d’été en toute impunité durant les mois froids. Le droit suisse mise sur un principe central : la responsabilité individuelle.

En d’autres termes, si un conducteur provoque un accident ou gêne la circulation parce que son véhicule n’est pas suffisamment équipé pour les conditions hivernales, il peut être tenu partiellement, voire totalement responsable. Cela peut impliquer des sanctions financières, une responsabilité civile accrue, et des répercussions sur la couverture d’assurance.

Selon le TCS (Touring Club Suisse), plus d’un tiers des accidents hivernaux impliquent des véhicules mal équipés. Les assurances, de leur côté, se réservent le droit de réduire leurs prestations en cas de négligence avérée. En somme, le bon sens prévaut, appuyé par la réalité des faits.

Quand monter ses pneus hiver ? Une question de température, pas de calendrier

La règle communément admise, même si non écrite dans la loi, c’est celle du « d’octobre à Pâques ». Mais en réalité, tout se joue autour d’une température clé : 7 °C. En dessous de ce seuil, les pneus d’été commencent à perdre leur adhérence à cause de leur gomme durcie, tandis que les pneus hiver conservent leur efficacité grâce à un composé plus souple et une sculpture adaptée à la neige, la glace et le verglas.

En Suisse romande, cette limite des 7 °C est régulièrement franchie dès le mois d’octobre sur les hauts plateaux, voire dès fin septembre en altitude. Dans les villes comme Lausanne ou Fribourg, les températures matinales chutent rapidement dès novembre.

Plutôt que de fixer une date rigide, on gagne donc à observer l’évolution des températures locales – ou à suivre les bulletins météo régionaux, largement diffusés par les médias romands avec une précision remarquable.

Différences entre pneus hiver, pneus toutes saisons et chaînes : lequel choisir ?

Dans un contexte où les modèles « toutes saisons » (ou 4 saisons) gagnent en popularité, il est essentiel de comparer objectivement les options disponibles :

Pour les trajets réguliers sur les autoroutes suisses ou les routes des cantons montagneux (Valais, Vaud, Jura), les pneus hiver restent la norme la plus sûre. Un test comparatif effectué par le TCS en 2023 montre qu’un véhicule équipé de pneus toutes saisons met en moyenne 8 mètres de plus à s’arrêter sur route verglacée à 50 km/h comparé à des pneus hiver de bonne qualité. Ce n’est pas un détail.

Montage : un investissement annuel qui a du sens

Le coût du montage ou de la permutation semi-annuelle des pneus est souvent pointé du doigt par celles et ceux qui hésitent à adopter les pneus hiver. Environ CHF 80 à CHF 150 pour un montage simple, selon si l’on change les pneus ou les roues complètes. Le double si l’on change également de jantes.

Mais au-delà de ces coûts, le montage régulier chez un spécialiste contribue à vérifier l’état général du véhicule : pression des pneus, équilibrage, usure asymétrique, etc. C’est aussi l’occasion de détecter d’autres problèmes mécaniques à l’approche de l’hiver.

Des garages comme ceux de la coopérative AutoMate à Genève ou les centres de services régionaux s’organisent souvent autour d’offres « pack hivernage » attractives, incluant le contrôle des freins, des liquides et de la batterie. Une démarche à la fois pratique et prévoyante.

Aspects réglementaires : ce que dit le Code de la route suisse

Le Code de la route lui-même ne fait pas mention d’une obligation directe de pneus hiver. Il se base toutefois sur deux articles essentiels :

En cas d’accident, le conducteur est jugé selon ces principes. S’il s’avère que l’accident aurait pu être évité grâce à des pneus plus adaptés à la saison, sa responsabilité sera engagée. En clair, ne pas avoir de pneus hiver n’est pas interdit, mais en subir les conséquences est pleinement autorisé… par les autorités, les tribunaux et les assureurs.

Le cas des cantons montagneux : obligations locales ponctuelles

Certains cantons comme les Grisons ou le Valais peuvent imposer ponctuellement des équipements hivernaux lorsque les conditions le requièrent. C’est également le cas lors de passages alpins traditionnellement à risque comme le col du Simplon, le col du Saint-Bernard ou le col des Mosses.

La signalisation présente sur place, en général bleue avec un pictogramme de pneu et chaînes, prévaut. Le non-respect peut entraîner une amende de CHF 100 minimum et, en cas d’accident ou de gêne, des poursuites complémentaires.

Ces mesures ponctuelles sont aussi accompagnées par les applications officielles comme SuisseMobile ou les alertes via l’Office fédéral des routes (OFROU), qui transmettent en temps réel les restrictions en lien avec la météo.

Le rôle des entreprises : la flotte hivernale aussi sous surveillance

Pour les entreprises actives en Suisse romande, la question des pneus hiver dépasse la simple prudence. Elle entre dans le cadre de la sécurité au travail. Un employeur est aujourd’hui responsable de s’assurer que ses salariés, lorsqu’ils utilisent un véhicule de fonction, soient équipés de pneus adaptés aux conditions de roulage.

Plusieurs PME romandes, notamment dans le secteur de la logistique ou des soins à domicile, ont mis en place des politiques internes de sécurité hivernale : vérification mensuelle, contrats avec des garages partenaires, et intégration du suivi des pneus dans les outils de gestion de flotte. Une évolution qui montre à quel point les pratiques individuelles influencent désormais les standards collectifs.

Économies déguisées ou fausse bonne idée ? L’erreur de croire qu’on peut « gagner une saison »

Certains conducteurs tentent encore de « terminer » l’hiver avec les pneus été pour éviter une visite au garage, essentiellement pour des raisons économiques. Mais c’est un raisonnement à double détente. Au-delà du risque d’accident, les pneus été s’usent beaucoup plus rapidement lorsqu’ils sont soumis au froid, sans compter l’inefficacité du freinage et le manque de grip.

Le TCS estime qu’un jeu de pneus bien géré (hiver et été alternés) peut durer presque deux fois plus longtemps que des pneus toutes saisons utilisés en continu. La fausse économie de quelques dizaines de francs sur le montage est rapidement annulée par une usure prématurée ou une franchise d’assurance majorée.

Accidents, assurance, responsabilité : mieux vaut prévenir que réparer

Dans 82 % des cas relevés par La Mobilière entre 2019 et 2022, les accidents hivernaux impliquant des véhicules non équipés se produisent lors des premières chutes de neige. Cela traduit une tendance claire : certains conducteurs tardent à changer leurs pneus, pensant que la neige ne tombera pas « cette année aussi tôt ». Or c’est souvent ce jour-là, pris par surprise, que les ennuis commencent.

La mobilisation des services de voirie, le nombre d’appels aux dépanneuses, et les embouteillages sur les axes comme l’A12 entre Lausanne et Fribourg ou l’autoroute A9 en Valais, débordent alors les capacités classiques de réaction.

Une minorité planifie, les autres réagissent trop tard. Voilà peut-être la meilleure illustration de l’enjeu du pneu hiver en Suisse : anticiper. Ce n’est pas une injonction réglementaire, mais une recommandation de sécurité et de bon sens qui traverse les montagnes… et les mentalités.

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