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Congé parental en Suisse : règles, durée et droits des parents

Congé parental en Suisse : règles, durée et droits des parents

Congé parental en Suisse : règles, durée et droits des parents

Une mosaïque cantonale : que prévoit la loi suisse ?

En Suisse, le congé parental tel qu’il est entendu dans d’autres pays européens (comme en France ou en Suède) n’existe pas en tant que tel au niveau national. Ce sont principalement le congé maternité et, depuis septembre 2021, le congé paternité qui encadrent les droits des parents salariés. Le reste relève essentiellement de la négociation entre employeur et salarié, ou de dispositions cantonales ponctuelles.

Commençons par les bases légales. La loi fédérale encadre deux types de congés :

Si ces minimas s’appliquent à tous, certains employeurs ou cantons vont au-delà. Genève, par exemple, propose un congé parental non obligatoire de 16 semaines pour les employés de l’administration cantonale, combinant maternité, paternité et un volet parental. Une rareté dans le paysage suisse, mais qui signale une évolution.

Différences avec le système européen : où se situe la Suisse ?

Dans une étude comparative réalisée en 2022 par l’Observatoire européen des relations professionnelles, la Suisse se trouve parmi les pays les moins généreux d’Europe en matière de congé parental. À titre de comparaison :

L’absence de congé parental structuré en Suisse peut paraître anachronique, surtout dans un pays à haut niveau de vie et d’égalité de genre en progression. Mais cela s’explique en partie par la tradition fédéraliste et une culture où les questions familiales sont souvent laissées à la charge des individus ou des entreprises.

Ce que les entreprises romandes mettent en place

Dans un contexte concurrentiel pour attirer et retenir les talents, de nombreuses entreprises prennent les devants. Selon une enquête menée en 2023 par le cabinet PwC Suisse, 35 % des entreprises de plus de 100 employés dans les cantons romands offrent des congés paternité allant au-delà du minimum légal, parfois jusqu’à 4 semaines.

Certaines enseignes romandes se distinguent :

Ce mouvement est révélateur d’un changement culturel, où le rôle du parent – qu’il soit père, mère ou adoptant – n’est plus conditionné aux seules obligations biologiques ou administratives.

Les défis pratiques pour les familles en Suisse romande

Au-delà du débat sur les durées de congé, ce sont les conditions concrètes du retour au travail qui préoccupent beaucoup les jeunes parents en Suisse romande. Selon un rapport 2023 de Pro Familia Suisse, 60 % des mères trouvent difficile de concilier emploi à temps plein et charge familiale, en partie à cause du manque de solutions de garde abordables.

Voici quelques freins identifiés :

Initiatives cantonales et pressions politiques

Le débat autour d’un véritable congé parental fait régulièrement surface au Parlement fédéral. En 2023, une initiative populaire intitulée « Pour un congé parental équitable » cherchait à introduire un congé parental de 24 semaines à répartir librement entre les deux parents. Bien qu’elle n’ait pas encore atteint le stade du vote, elle a relancé la discussion dans les cantons.

Dans les cantons romands, certaines démarches attirent notre attention :

Une tendance se dessine : la parentalité n’est plus uniquement une affaire privée. Elle devient un enjeu sociétal traité à différentes échelles – communale, cantonale, fédérale – avec des implications sur l’économie, l’égalité, et même la santé publique.

Quelques témoignages de parents romands

Pour illustrer la réalité sur le terrain, nous avons recueilli les vécus de jeunes parents en Suisse romande :

Camille, cheffe de projet à Lausanne : « Mon employeur m’a accordé quatre semaines de congé à la naissance de notre fils, en plus des deux légales. Cela a changé notre équilibre. Mon conjoint a pu vraiment s’impliquer dès les premiers jours. Après ça, le retour à la réalité a été brutal car les horaires de crèche ne s’alignent pas toujours avec nos obligations ».

François et Mehdi, couple homoparental à Fribourg : « On a dû négocier avec nos employeurs respectifs. Légalement, aucun de nous n’était considéré comme « mère biologique », donc pas d’indemnité maternité. Mais on a obtenu trois semaines chacun, non indemnisées. Cela devrait changer, on se sent un peu invisibles dans le système actuel ».

Nadège, indépendante à Neuchâtel : « En tant que travailleuse indépendante, j’ai droit à l’allocation maternité si j’interromps totalement mon activité. Impossible pour moi de cesser toute activité pendant trois mois. J’ai donc travaillé à mi-temps dès la deuxième semaine. C’est un non-choix, mais les factures tombent ».

Et maintenant ? Vers une réinvention du modèle suisse ?

La pression monte. Les évolutions démographiques, les attentes des nouvelles générations de parents et la volonté des entreprises de rester compétitives à l’international rendent une réforme du congé parental de plus en plus probable.

De nombreuses pistes évoquées par les experts incluent :

La Suisse romande, déjà en avance dans plusieurs domaines sociaux, pourrait jouer un rôle de laboratoire pour ces expérimentations. Il ne s’agit plus de copier le modèle scandinave au centime près, mais de créer un système adapté à notre tissu économique, à nos valeurs de solidarité, au rythme de nos PME et à la diversité des familles suisses.

Réfléchir au congé parental, ce n’est donc pas seulement parler de jours chômés. C’est penser le futur du travail, de la parentalité et, plus largement, de la société romande. Et dans ce domaine, l’innovation pourrait bien venir d’où on l’attend le moins : des politiques cantonales, des entreprises pionnières… ou peut-être même de la voix des parents eux-mêmes.

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